Face aux sollicitations des familles, beaucoup d’établissements ont dû prendre parti relativement à l’usage de l’ordinateur pour prendre les cours ; en revanche, ils maîtrisent moins la façon de travailler, sur papier ou sur écran, de leurs élèves. Comment, en classe comme à la maison, prendre le virage numérique ? Nous nous concentrerons ici sur l’usage de l’ordinateur à l’école.

Travail sur ordinateur et maîtrise de l’outil informatique

La première raison avancée pour passer au travail sur ordinateur est bien évidemment que la maîtrise de cet outil est nécessaire dans la vie professionnelle, tandis que l’utilisation de cahiers et de stylos de couleur y est devenue plutôt rare. Ce raisonnement constitue néanmoins une fausse évidence, et ce pour deux raisons :

  • L’usage des logiciels a beaucoup évolué et est devenu très intuitif ; la plupart des élèves du secondaire, ceux du moins qui ont un ordinateur, savent utiliser les fonctionnalités qui leurs servent. Les logiciels de jeux vidéos, par exemple, ont souvent peu de secrets pour eux !
  • Ils n’apprendront pas ce qu’ils ne savent pas faire en classe, où aucune aide ne leur sera proposée, sauf effort exceptionnel de l’établissement. Une entraide entre camarades est bien sûr possible… reste à voir si elle se met en place, et comment.

Travail sur ordinateur ou cours d’informatique?

Néanmoins, les établissements – en particulier les collèges, mais aussi le primaire – peuvent mettre à disposition des élèves des tablettes ou des ordinateurs lors de sessions visant à inculquer à ceux-ci leur maniement. La maîtrise de l’outil est au centre de ces sessions, en général organisées en petit groupes. Dans d’autres cas, on propose des sessions d’exercices en ligne, comme des maths ou de la grammaire, ou encore la rédaction d’e-books… mais il ne s’agit pas de faire le « grand saut » vers le tout informatique.

En bref : la maîtrise de l’outil informatique est une chose, celle de l’informatique une autre, le fait de prendre ses cours ou de rédiger ses devoirs sur ordinateur une troisième. Elles ont peu de rapports entre elles ! Le rapport du Conseil du Numérique qui a précédé le plan numérique pour l’école déployé à partir de 2016 est explicite :

« Nous devons renoncer à l’idée que le numérique est juste un support technique d’enseignement. »

Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique, rapport du Conseil National du Numérique, Octobre 2014

Travailler sur ordinateur : un gain immédiat en flexibilité ?

N’évoquons donc que l’usage de l’outil informatique. On sait ce qui plaît dans celui-ci : le faible poids du sac, les manuels au format numérique tous disponibles tout le temps. La relecture des notes est aisée, leur organisation (fichiers, répertoires) simple et souple. Et puis travailler sur ordinateur fait plaisir aux élèves, qui ont des ordinateurs une vision très positive, point non négligeable si l’envie de travailler en est augmentée !

Tout cela est vrai, mais ne doit pas faire oublier qu’un manuel qu’on ne peut pas feuilleter, dont l’organisation est moins évidente, sera moins facile à utiliser. Que des fichiers mal rangés rendent bien compliqué de retrouver un contenu (les adultes qui travaillent sur ordinateur en savent quelque chose!) Surtout, la formidable flexibilité de l’outil, permettant de passer en un instant d’un contenu à un autre, devient un handicap quand les élèves se partagent des contenus (chats, vidéos), filment le prof, prétendent suivre le cours en même temps que regarder une vidéo, ou relisent leurs fiches pour le contrôle de maths pendant le cours d’anglais ! Même chose à la maison : la rédaction du DM de SVT devient facilement poussive si l’écran affiche aussi une video de Game of Thrones. Nos jeunes ne sont pas devenus multitâches !

Ecriture manuscrite et apprentissages

Mais supposons les élèves capables d’un usage raisonné de leur machine. Ils savent retrouver un contenu, se concentrer dessus. Ils tapent vite et bien, et saisissent le cours avec brio.

Prendre ses cours et écrire ses devoirs au format numérique ont bien des avantages. C’est propre, c’est clair, on peut modifier sans raturer ni tout récrire. Le texte se lit sans effort, contrairement à certaines pattes de mouche. Le correcteur orthographique évite bien des fautes. Sans parler du cas des élèves affectés par des troubles dys- ou des troubles moteurs, qui trouvent dans l’ordinateur l’accessoire le plus efficace pour contourner leur handicap.

On a trouvé la panacée, alors? Hélas ! Il est maintenant avéré qu’on apprend mieux quand on écrit à la main son cours que quand on le prend en note sur un ordinateur ! Certains élèves connaissent déjà presque tout le cours après l’avoir écrit sur une copie, alors que quand on prend des notes sur écran il faut davantage les travailler pour les mémoriser. En fait, c’est le geste d’écriture qui aide à intégrer le propos pris en note. Utiliser un ordinateur risque donc de pénaliser les apprentissages. Sauf à mettre en place, en même temps, des méthodes pour contourner l’obstacle . Une fois chez soi, on peut faire des schémas à la main pour réviser, par exemple !

Et les questions sanitaires et financières ?

Tout cela est bien compliqué, n’est-ce pas? Et ce n’est que le volet pédagogique…

On a parlé du poids du sac de classe, allégé si les manuels sont numériques. La question des maux de dos, ce mal du siècle, en est-elle résolue? Point du tout. La posture adoptée devant un écran aurait plutôt tendance à aggraver la chose. Ainsi, les adolescents risquent fort, à moyen terme, les mêmes troubles que les adultes – sans parler de la fatigue oculaire. Passer à l’ordinateur dans de bonnes conditions suppose de bons écrans, un espace de travail repensé. Cela a un coût, pour l’établissement et/ou pour les familles. D’autant que le matériel vieillit vite… Alors, qu’est-ce qu’on fait? Eh bien… quitte à faire un choix, on se donne les moyens de le faire en connaissance de cause ! Et si on passe – école, classe, ou individu – à l’ordinateur, on se donne les moyens que ce changement ne nous nuise pas.


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