Dès la classe de troisième, et la recherche de ce fameux stage en entreprise qui doit aider nos enfants à savoir ce qu’ils veulent faire plus tard, on le leur demande. Quoi donc ? Le CV ! Ce résumé de carrière est un casse-tête pour les collégiens. Il le reste pour les lycéens, qu’ils recherchent un stage d’été ou postulent à une formation – et pour les jeunes étudiants qui ne sont pas beaucoup plus avancés en expérience !

Les conseils généraux : qu’en faire ?

On trouve relativement facilement des conseils relatifs à la création d’un CV. Pour résumer, il s’agit de :

  • Ne pas vouloir trop en mettre, rester synthétique, car tout doit tenir dans une feuille, et surtout tout doit être pertinent pour celui qui étudiera le CV ;
  • Valoriser son expérience, en insistant sur ce qu’on a acquis, et, plus généralement, insister sur nos compétences autant que sur les postes occupés.

N’y allons pas par quatre chemins, pour un jeune de quatorze à vingt ans, cela n’a guère de sens ! En effet, à cet âge, on craint davantage de n’avoir rien à lister que de devoir choisir, se sentent dépourvus d’expérience… et on ignore jusqu’aux règles les plus basiques de rédaction d’un CV. Revenons donc à la base, avec quelques questions typiques – et, surtout, leur réponse.

Pas facile de faire impression en une page !

Un CV, ça ressemble à quoi ?

Règle 1 : l’ordre antéchronologique

Au secours, qu’est-ce que ce trop long mot ? Traduction : les expériences, dans un CV, sont listées de la plus récente à la plus ancienne. C’est logique : on suppose que vous savez parfaitement faire ce que vous faites maintenant, alors que vous pouvez avoir un peu oublié ce que vous avez fait il y a longtemps. (Néanmoins, on sait que vous vous mettrez vite au niveau dans un domaine déjà connu.)

Règle 2 : une photo, pas de photo ?

En France, on aime que les CV soient accompagnés d’une photo, alors qu’aux Etats-Unis, par exemple, un CV avec photo ne sera pas étudié. Question de culture… et de réglementation : regarder la photo, dans la logique américaine, c’est commencer à discriminer. Alors qu’en France, on considère souvent qu’un CV sans photo est trop impersonnel et cache quelque chose.

Adaptez-vous au pays ciblé… mais surtout, sélectionnez la bonne photo. Évitez absolument les photos de vacances, les photos où vous avez dix ans, les photos décoiffées, les photos sexy ou romantiques, les photos mal exposées… Ayez l’air sérieux, dynamique, professionnel. Mieux vaut ne pas mettre de photo que mettre une photo qui donne mauvaise opinion de vous. 

Corrélat : si vous avez des piercings et les cheveux bleus, cela ne découragera pas tous les employeurs, mais en refroidira certains – dès la réception de la photo. Alors… le plus sage est de faire une photo qui ne trahit pas ce que vous êtes (pas la peine de mettre une perruque) mais minimise le côté «provoc » : attachez vos cheveux, ou au moins coiffez-les sérieusement, etc. Il sera toujours temps de se rendre compte qu’on a affaire à une équipe très tolérante (ou pas particulièrement tolérante mais qui aime exactement la même chose que vous) – mais mieux vaut être en mesure de choisir son poste plutôt que se contenter d’attendre que notre look plaise à quelqu’un. (Ultime précision : pas de couvre-chef sur la photo !)

Règle 3 : on utilise un modèle

Quand on n’a pas grand chose à lister, on se dit souvent qu’on ne va pas s’embêter avec un modèle, d’autant que toutes les cases risquent de rester vides ! Se passer d’un modèle en ligne est pourtant une grosse erreur – à moins d’être (aspirant) graphiste, évidemment. 

Cherchez donc une structure de CV préconçue en ligne : des milliers de sites en proposent, en général assez bonnes – par exemple Canva, CVDesignR ou le site de l’Onisep

Faites attention à pouvoir facilement adapter les rubriques à votre profil : s’il n’y a rien à mettre dans l’une d’elle, pas la peine de la garder ; si votre parcours académique est votre principal atout et que votre expérience professionnelle se résume à un stage de manutentionnaire de supermarché, évitez de consacrer à cette dernière une place centrale autant que démesurée. En général, tout est modifiable, y compris le titre des rubriques. Si vous êtes pressé, privilégiez la facilité à personnaliser le contenu à l’esthétique.

Que vous téléchargiez un modèle ou que vous empruntiez un CV pour le modifier, faites bien attention au nom du fichier : envoyer un CV affichant le nom d’une autre personne que vous, ou «CV stage librairie» alors que vous postulez pour un poste d’agent d’accueil, est à éviter ! Tout comme «CV en anglais», «CV bicolore» ou «CV marrant»… voir «CV» sans rien d’autre. Il faut que votre CV soit identifiable même s’il est désolidarisé de votre lettre de motivation, du dossier de candidature… Mettez donc votre nom dans celui du fichier, et aucune information qui puisse vous desservir !

Et enfin, qu’est-ce qu’on met dedans ?

Quelques conseils relatifs au contenu :

Adaptez le contenu à votre parcours : si vous n’avez guère d’expérience, mettre en valeur votre scolarité mais aussi vos autres activités est essentiel pour décrocher une place. Mais adaptez-le aussi à votre objectif : qu’est-ce qui va plaire au recruteur ? On ne fait pas le même CV pour entrer en Master Sciences Po ou pour animer une colonie de vacances.

Sur vos compétences scolaires

  • Que dire de vos résultats aux examens ? Si vous avez obtenu une mention, dites-le ! Sinon, on pensera probablement que vous avez eu un bac mention «passable», voire au rattrapage. N’hésitez pas à vous mettre en valeur.
  • Doit-on mentionner le brevet des collèges ? Oui… tant qu’on n’a pas son bac. Une fois le bac obtenu, vous pouvez préciser que vous avez le brevet des collèges si vous êtes fier de votre mention – mais attention, si vous ne précisez pas la mention obtenue au bac, alors que vous indiquez celle du brevet, on en conclura que vous avez quelque chose à cacher ! Enfin, il va de soi que dès qu’on a des diplômes du supérieur à valoriser, parler du brevet des collèges ne sert plus à rien – cela a même un côté un peu enfantin qui peut vous nuire.
  • Vous devez renseigner votre niveau de langues. Attention, utiliser un curseur coloré est à la mode, mais cela ne garantit pas grand chose. Pour valoriser vos compétences, n’hésitez pas à justifier votre niveau précisément. Citez le séjour d’un mois au Canada, votre score au TOEFL, la certification passée au lycée ou en dehors, la participation à un programme d’échange, votre bac mention euro…

Sur vos autres expériences et compétences

  • Vous faites beaucoup de sport, à un bon niveau ? Dites-le ! Si vous avez arbitré des matchs, encadré des élèves plus jeunes, mettez cela en valeur.
  • Dans la rubrique «loisirs», privilégiez ce qui prouve que vous êtes capable de travailler, dynamique, etc. Plutôt que «Aller au cinéma, regarder des séries», indiquez par exemple “Intérêt de longue date pour les films d’animation ; présentation sur Miyazaki au ciné-club de mon lycée.»
  • Côté expériences professionnelles, il est probable que vous vous sentiez mal pourvu. Si vous avez travaillé l’été, même si c’est dans le camping de votre oncle, indiquez-le. On conseille souvent de taire les expériences sans rapport avec le poste qu’on souhaite obtenir. Néanmoins, ce n’est pas pertinent quand on en a très peu ! Listez vos expériences associatives, les tâches accomplies dans le cadre de projets de votre établissement – soutien scolaire aux collégiens, exposition dans une maison de retraite, permanences à la cafeteria, organisation de la fête de fin d’année… Précisez ce que ces expériences vous ont appris qui puisse être réinvesti : vous avez dû être à l’écoute des clients, être efficace, gérer une comptabilité, respecter des dead lines… Gardez cette règle en tête : quand vous mentionnez une chose, il faut pouvoir en parler de façon convaincante

L’orthographe

On le répète sans arrêt, votre orthographe est votre carte de visite. Un CV avec des fautes dedans envoie, au choix, le message «j’essaie de me vendre mais je suis nul» ou «je suis si peu motivé, et/ou si imbu de moi-même, que je ne me suis même pas relu.» Ce n’est peut-être pas la raison pour laquelle les fautes sont là… Mais c’est tout de même l’impression qu’elles donnent ! Par conséquent, relisez-vous soigneusement, voire faites relire votre CV par un tiers !

(Précision utile : les fautes de langue font le même effet.)

Au secours, je n’ai rien à dire, je n’ai jamais rien fait !

Essayer de rendre intéressantes les choses que vous avez faites – vous n’avez probablement pas passé ces dernières années exclusivement à jouer à Candy Crush ou à regarder TikTok. Pour se mettre en valeur, on peut adopter une double stratégie :

  1. Chercher un angle flatteur. Si vous avez quatorze ans, un recruteur peut être intéressé par une mention du genre : «J’aime aider les autres, organiser, par exemple j’ai pris en charge la comptabilité lors de notre séjour à la mer avec deux amies, elles m’ont fait confiance et cela s’est très bien passé.»
  2. Se constituer un semblant d’expériences «minute» : cette stratégie demande un minimum de temps, mais entre le moment ou vous réalisez que vous allez devoir chercher un stage et celui ou vous postulerez, elle peut se mettre en oeuvre ! Garde d’enfants, aide à des élèves avant leur examen, bénévolat au club d’arts martiaux, on a souvent besoin de bras (et de cerveaux) en plus, faites savoir que vous êtes disponible !

Se construire un CV

Pour conclure, si vous avez eu du mal à remplir votre CV… tirez-en des leçons. Un CV cela se construit au fil des mois et des années. Beaucoup de formations demandent des expériences associatives, un engagement personnel…et pas seulement un bon niveau scolaire. Pensez-y quand vous avez l’opportunité de donner des cours, de faire des maraudes, de nettoyer une plage. Tout cela pourra prendre place dans votre CV, et impressionnera davantage que «loisirs : ping-pong, lecture de mangas, comédies romantiques.» Cerise sur le gâteau : ces expériences vous apporteront beaucoup ! C’est précisément pour cela qu’on les valorise.


Étape 1 sur 2

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